Originaire du Middlewest américain, William Sutherland ne se destine pas à la carrière médicale. Il commence sa vie professionnelle comme apprenti dans un atelier d'imprimerie, puis devient journaliste.
C'est en tant que tel qu'il entend parler de l'ostéopathie au cours de l'année 1897.
Les propos qu'il entend semblent tellement contradictoires qu'il décide d'aller au collège de Kirksville pour se rendre compte par lui-même.
Il est particulièrement impressionné par ce qu'il voit – le nombre de patients venant de toute part et la qualité des soins et des résultats obtenus, qu'il décide de devenir ostéopathe.
Il commence sa formation en 1898 et reçoit son diplôme des mains même de Still en 1900.
C'est au cours de ses études qu'il tombe en arrêt devant un spécimen de crâne semi désarticulé et qu'il est frappé par une intuition qui le taraudera toute sa vie : les agencements anatomiques des structures crâniennes semblent indiquer l'existence de mouvements entre-elles. Il appellera cette intuition L'idée folle. Il mettra plus de vingt années à accepter l'idée et à se lancer dans une étude exhaustive de l'anatomie du système osseux crânien afin de déterminer la véracité de son intuition.
En 1939, il publie une courte monographie The Cranial Bowl (La coupe crânienne), exposant la théorie du possible mouvement des os du crâne. Il y développe sa vision mécaniste du crâne. Cet ouvrage n'aura aucun succès et ne rencontrera que très peu d'intérêt chez les professionnels de son époque.
Ses recherches le conduiront à développer ce que nous appelons l'ostéopathie crânienne, qui se fonde sur la reconnaissance de la mobilité microscopique de toute structure vivante et son application particulière au domaine crânien. Il met l'accent sur le travail utilisant la puissance interne du système vivant plutôt que l'application de forces externes :
« Permettre à la fonction vitale interne
de manifester sa puissance infaillible,
plutôt que d'appliquer une force
aveugle venue de l'extérieur. »
(W. G. Sutherland, La Coupe crânienne, 2002, p. 115.)
Aujourd'hui encore controversée, cette approche permet de traiter de nombreux problèmes que les techniques ostéopathiques classiques ne permettent pas de résoudre, notamment, chez le jeune enfant.